- JEU D’ADAM
- JEU D’ADAMJEU D’ADAM (1150-1170)Titre servant à désigner un texte du XIIe siècle, qui prévoit la mise en scène non seulement de la faute d’Adam et d’Ève, mais aussi du drame d’Abel et de Caïn et du défilé des prophètes. La représentation est prévue dans tous ses détails: les indications données en latin n’impliquent pas que les scènes soient jouées sur le parvis d’une église ou à l’intérieur. On décrit un espace imaginaire dont les axes sont symboliques, avec d’un côté un paradis, de l’autre un enfer, mais aussi des lieux particuliers comme une église, et des autels où Abel et Caïn vont apporter leur offrande. Le texte a d’abord pour armature un office liturgique avec sa leçon et ses répons; la dernière partie s’appuie sur un sermon de l’avent. La fonction du spectacle est d’évoquer la corruption humaine et de lui opposer l’espoir de la rédemption, pour préparer sans doute le public à la pénitence du carême. Dialogues et monologues en langue romane sont traités comme une glose des citations latines. Ils se nourrissent de différentes traditions exégétiques, mais sont surtout l’objet d’une intéressante élaboration littéraire. Ainsi la versification accentue le contraste entre les passages dialogués et dialectiques et les monologues de structure lyrique. L’invention psychologique est aussi intéressante, surtout avec le rôle du Diable qui apporte l’esprit d’intrigue, mais aussi dans l’affrontement des deux frères ennemis. L’analogie de ce drame figuratif avec les conflits familiaux (désobéissance au père, rôle séducteur de la femme, rivalité des enfants) et avec les contradictions sociales (devoirs féodaux, opposition du riche laboureur et du pauvre pasteur) donne une résonance mythique, en tout cas profondément humaine, à cette interprétation de l’Ancien Testament.
Encyclopédie Universelle. 2012.